La Danse et la Table

Exposition

Moniq Robert

Dans la Chapelle Saint-Martin

ARTISTE : Verse

SAISON 2023  I   

Accés dans le parcours de la visite guidée du site

La danse

 

Vous entrez … des danseurs les pieds en entrechat et les bras souples en croix, tous jeunes, beaux, presque nus, avec juste un drapé pour cacher les sexes. Certains aux limites de la décence, d’autres pudiques, ici débarrassés de ces envols divins qui les prolongent dans les représentations mystiques.
Choc et ravissement : envie d’en prendre un par la taille et de danser. Tous sont des Christs en croix, du Gréco à Goya, les cheveux raccourcis débarrassés des stigmates du martyr, ils redeviennent des corps vivants, des corps souples.
Aux représentions du martyr, qui couvraient les murs de son école chrétienne, Verse a retiré les clous, la couronne d’épines, le sang, pour restituer le Christ dans sa jeune humanité, celle vivante de ces beaux garçons oubliés qui ont servi de modèles à tous les peintres phares qui en ont fait un Dieu.
« Verse ne fait là que le chemin à rebours : celui de l’incarnation. Au fond c’est une décrucifixion qu’elle a engagée … un ballet se crée dans le mouvement unanime des bras et des jambes : ce pourrait être « Le Sacre du Printemps »
Les dos sont des miroirs. Les autres Christs s’y mirent à chaque pas que fait le visiteur ; le visiteur lui-même donne à ces danseurs son propre visage, sa propre silhouette : « Je suis l’un de vous ».Le sacré apparaît heureux et lumineux… écrit Geneviève Brun

La Table

Les images du chaos, exercent sur nous des sentiments paradoxaux, difficilement maitrisables. Elles nous bouleversent, nous effraient mais peuvent également nous fasciner car elles sont parfois d’une beauté saisissante.
En dehors de toute éthique, l’effet de sidération se conjugue alors avec une forme de fascination.
Cette thématique et celle du temps avec laquelle elle s’articule, sont au cœur de mon travail.

La Table fut le dernier tableau de mon installation : L’Enfant aux Nœuds, présentée lors des Photofolies 2005 à Rodez.
Dans cette installation, j’explorais les origines de la violence, produite au cœur même d’une expérience familiale, dans trois espaces contiguës.

Cette table, au fil du temps a continué à m’interroger, à vivre des ressentis des regardeurs. Elle a ainsi fait son chemin en poursuivant sa propre existence presque en dehors de moi si j’ose dire.
Elle a aujourd’hui à se détacher de son installation première car il ne s’agit plus d’une enfant qui place une bombe sous la table familiale mais plus universellement du côté destructeur de l’humanité.

Je reviens donc sur ce motif, cet objet non clos se réclame à moi, nu, tranché, en force décuplée, un cri.

Verse 2022/2023
Travail soutenu par la Région Hauts-de-France